Les Montoises à toutes les échelles #partie1

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À l’échelle de la ville 

Ce lundi 8 mars, c’est la Journée internationale des droits des femmes. Ça, tout le monde le sait. Mais ce que vous ignorez, c’est que le MUMONS a décidé de conjuguer les femmes du passé, au présent dans le futur !

En se baladant en ville d’abord, à la recherche de celles qui ont marqué l’Histoire et laissé une empreinte dans les rues de Mons (#partie1), puis en arpentant les couloirs de l’Université de Mons, à la recherche des premières enseignantes et étudiantes-diplômées (#partie2), et en terminant sa quête 100% féminine dans la salle des archives du musée, à la recherche des Visitandines (#partie3), ces femmes religieuses qui seront mises en lumière lors de l’exposition inaugurale à l’ouverture du musée, en octobre 2021 !

Savez-vous ce qu’est un odonyme ?

Les odonymes, ce sont les noms des rues.

Ce lundi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous vous invitons à (re)découvrir certains odonymes de Mons baptisés au féminin.

Seulement voilà.

Le parcours est très bref.

À Mons, sur 435 rues, une dizaine seulement portent le nom d’une femme !

Hogenberg, Frans, Braun, Georg, « Mons, Hannoniae urbs potens ampla », [Cologne], Pierre Brachel, [1616], PHENIX (UMONS),

De manière générale, dans les villes, les rues à consonnance féminine sont nettement moins nombreuses, voire secondaires, par rapport à celles dont les noms sont attribués à des profils masculins.

Les noms de rues sont le reflet de l’Histoire, ce sont des traces du passé. Elles mettent en avant d’anciens métiers, des communautés religieuses, des enseignes disparues, l’évocation d’activités qui étaient réalisées à cet endroit ou encore des événements historiques particuliers. Elles sont aussi souvent associées à des personnalités importantes locales ou élargies. Souvent à des hommes.

Si spontanément, on vous demande de citer une femme associée à une rue montoise, que répondrez-vous ? L’exercice est difficile. À moins peut-être d’y habiter ou de s’y rendre régulièrement. Cette invisibilisation, voire l’effacement des femmes dans l’espace public et la mémoire est le résultat d’un déséquilibre paritaire qui s’est construit dans le temps, au fur et à mesure qu’une ville s’est établie et a évolué.

Pourtant les personnalités féminines qui ont fait l’Histoire de Mons ne manquent pas.

Le nombre de montoises à honorer est multiple. Il y a des femmes philosophes, créatrices, poétesses, photographes, des femmes engagées dans toutes sortes de luttes, pour des causes humanitaires et pour le féminisme également. Pour ne citer que quelques exemples.

Cette journée, importante dans la lutte pour la réduction des inégalités des femmes par rapport aux hommes, est l’occasion de mettre en avant certaines femmes dont les noms ont établi à demeure dans le paysage montois.

Louise de Bouzanton

Louise de Bouzanton est associée à la rue Bouzanton.

Difficile de soupçonner, que derrière ce patronyme, se cache une femme d’œuvres du XVIe siècle.

Issue de la famille des seigneurs de Lompret, on ignore exactement où et quand elle est née. Mais elle a joué un rôle important à Mons, ville dans laquelle elle s’est éteinte en 1593. Veuve à deux reprises, restée seule sans enfant, elle décide d’acheter l’hôtel de Bavière en bordure de la Trouille, afin d’en faire don à une fondation en 1562, en vue de créer un orphelinat. Seule, elle dirige tous les aspects de cette œuvre, connue sous l’appellation de la Bonne Maison de Bouzanton. Elle prodigue à la fois des soins aux enfants et s’occupe également de tous les aspects administratifs de l’orphelinat. En 1569, elle délègue à des intendants toute la comptabilité et l’aspect administratif et reste aux commandes de cet hospice pour orphelins jusqu’à sa mort. Par la suite, étant bien réputée, son œuvre est reprise par d’autres bienfaiteurs. Notamment, Anne de Crécy, l’une de ses nièces, qui perpétue son œuvre en créant, en 1662, une aile pour les garçons.

Sur l’hôtel, une plaque commémorative rappelle ses bienfaits et ceux de sa tante. En 1872, lors des travaux d’assainissement de la Trouille, une rue est créée sur le lit de la rivière et prend le nom de rue de Bouzanton. L’orphelinat subsiste jusqu’en 1926 et le bâtiment est classé en 1977.

Marguerite Bervoets

La rue Marguerite Bervoets rend hommage à l’une des figures emblématiques de l’Histoire des femmes dans la Résistance belge, pendant la Seconde Guerre mondiale. Née en 1914 à la Louvière, elle est la fille unique d’Olivia Bervoets, directrice de l’Athénée Royal de Mons. Diplômée en philosophie et lettres, Marguerite est enseignante à l’école normale de Tournai et poétesse. Le 10 mai 1940, l’Allemagne envahit la Belgique. Marguerite Bervoets rejoint la Résistance belge en 1941. Elle fonde un hebdomadaire clandestin “La Délivrance” lié au mouvement de résistance, dissimule des armes, soutient les services de renseignements alliés et coordonne la coopération des groupes de résistance à Lille et à Tournai. Le 8 août 1942, elle est arrêtée par une sentinelle allemande avec l’infirmière Cécile Detournay alors qu’elle photographie des canons antiaériens nouvellement installés sur l’aérodrome militaire de Chièvres. Une enquête est ordonnée et quelques armes sont découvertes dans le domicile de Marguerite. Après quelques mois d’incarcération à la prison hitlérienne de Mons, Marguerite Bervoets et Cécile Detournay sont déportées en Allemagne pour y être jugées. Marguerite est condamnée à mort le 7 août 1944 à Wolfenbüttel.

Pour commémorer son souvenir et en réponse au souhait de sa mère qui en était la directrice, l’Athénée Royal de Mons, où Marguerite a passé ses trois dernières années d’humanités, porte aujourd’hui son nom.

Mélina Mercouri

Pourquoi l’avenue située derrière la gare de Mons porte le nom de Mélina Mercouri ?
À première vue, cette célèbre actrice, puis chanteuse d’origine grecque semble n’avoir aucun lien direct avec la ville de Mons. Et pourtant !

À la suite de sa carrière musicale et cinématographique, Mélina Mercouri se tourne vers la politique. Elle devient notamment ministre grecque de la Culture de 1981 à 1989, puis de 1993 jusqu’à sa mort. En 1988, elle a l’idée de transformer les villes d’Europe en capitales de la culture dans le cadre de la politique culturelle de l’Union européenne. La ville d’Athènes inaugure et initie ce projet en devenant la première Capitale européenne de la culture en 1985.

Depuis 2002, Mons est désignée capitale culturelle de la Wallonie, puis elle devient à son tour Capitale européenne de la Culture en 2015. Mélina Mercouri, est donc à la base de ce concept porteur qui donne aux Européens l’occasion d’en apprendre davantage sur les cultures de chacun, d’entrer dans le dialogue interculturel, de profiter de leur histoire et d’accroître la conscience culturelle des citoyens.

Heureusement, dans un souci d’égalité femme-homme, les nouvelles rues sont baptisées en laissant la part belle aux femmes, notamment en Belgique et en France. C’est d’ailleurs le cas de l’avenue Mélina Mercouri à Mons. De plus, des politiques ou militantes féministes ont déjà permis de renommer certaines voies, comme à Liège ou à Bruxelles, en célébrant des femmes. Les actions sont constantes. Il y a aussi quelques exceptions. À la Ville-aux-Dames, une petite commune française de la région d’Indre-et-Loire, 99 % des rues portent des noms de femmes. La commune porte bien son nom !