À la découverte du « Théâtre du monde », le livre le plus couteux du 16e siècle

En 1570 parait, à Anvers, le Theatrum orbis terrarum. Avec ses 53 cartes gravées sur cuivre, ce livre innove en proposant un ensemble de cartes toutes à la même dimension et classées selon une logique spatiale (monde, continents, pays et régions). De ce fait, il est considéré comme le premier atlas dans l’histoire de la cartographie même si son titre ne porte pas le mot « atlas ». 1

L’auteur de ce recueil est Abraham Ortelius (1527-1598).

 

Abraham Ortelius, une personnalité aux multiples facettes

 

Homme d’affaires, humaniste, grand voyageur et collectionneur passionné ‒ sa maison était visitée comme un musée ‒, Ortelius gagne sa vie en coloriant des cartes avec sa sœur. Il s’établit ensuite comme marchand de cartes dans la ville d’Anvers, devenue au milieu du 16e siècle, le centre de la production européenne de cartes.

Entre 1555 et 1560, Ortelius entreprend de rassembler et de comparer les meilleures cartes disponibles décrivant le monde, les continents, les pays ou encore les régions. En 1570, il publie le résultat de sa collecte en lui donnant le nom de théâtre
(theatrum en latin).

Ortelius n’est pas un cartographe de terrain. Cependant, son travail est si remarquable qu’il est nommé géographe du roi Philippe II, en 1573.

 

Le Theatrum orbis terrarum, un livre hors pair

Dès sa publication, le Theatrum connait un immense succès tant auprès de l’honnête homme que du savant, du marchand ou encore du politique. Philippe II avait toujours à portée de main un exemplaire de cet atlas.

Publié de 1570 à 1641, en latin, néerlandais, allemand, français, espagnol et italien, on dénombre 24 éditions du vivant de son auteur et plus de 10 après sa mort. Les spécialistes ont évalué à plus de 8.200 le nombre d’exemplaires imprimés. On estime que c’est le livre le plus cher du 16e siècle. Les cartes ont été gravées sur cuivre par un artiste réputé, Frans Hogenberg. Au verso est imprimée une notice historique sur le lieu représenté.

Le Theatrum offre, au citoyen, une vision du monde connu à la fin du 16e siècle. Au fil des éditions, Ortelius ne cesse de l’enrichir de nouvelles cartes ou de mettre à jour les anciennes. Il se démarque encore de ses contemporains en citant ses sources dans son « catalogue des auteurs » qui figure à la fin du Theatrum.

     

 

Deux éditions du Theatrum dans nos collections patrimoniales 

 

 

 

L’édition imprimée en latin, en 1573, à Anvers, a appartenu au chanoine Edmond Puissant, dont le fonds est en dépôt à l’Université de Mons. Cette édition comporte 70 cartes qui ont été coloriées après leur impression.

L’édition de 1598, toujours imprimée à Anvers mais en français, a pour titre Théâtre du monde. Elle comporte 119 cartes.

 

Références

  • Abraham Ortelius (1527-1598) : cartographe et humaniste. Turnhout : Brepols, 1998.
  • BROC, Numa. La géographie de la Renaissance 1420-1620. Paris : CTHS, 2019.
  • VAN DEN BROECKE, Marcel. Ortelius atlas maps : an illustrated guide. Houten : Hes & De Graaf, 1996.

 

1: C’est à Mercator que reviendra la paternité de ce terme.