La carte du Hainaut de Frederick de Wit

Une belle hollandaise à contempler

Pièce du mois de juin 2025

 

Comitatus Hannoniae et episcopatus Cambresis descriptio. Auctore F. DE WIT, vers 1666/1667.
Dim. : 49 x 57,2 cm.Échelle : env. 1 : 200 000. (Bibliothèque centrale, Cartes & Plans, XVII/30).

 

La cartographie hollandaise au 17e siècle

Au 17e siècle, Amsterdam devient le centre de la production et du commerce des cartes. C’est le siècle d’or de la cartographie hollandaise avec de grands noms : les Hondius, Blaeu, Janssonius, Visscher… et Frederick de Wit. Leurs cartes sont très prisées pour leur beauté, leur élégance et la qualité de leur gravure.

 

Frederick de Wit : un homme d’affaires reconnu internationalement

Né à Gouda en 1630, il fait son apprentissage chez Willem Blaeu avant de s’installer comme marchand d’estampes et de cartes à Amsterdam. En 1648, il fonde son entreprise qui devient très vite florissante. De 1654 à 1710, sa firme « De Witte Paescart » produira de nombreuses cartes. Celles-ci sont le fruit de la compilation d’anciennes planches auxquelles F. de Wit ajoute de nouvelles informations. Il les vend seules ou regroupées en atlas selon le désir de ses clients. C’est pour cette raison qu’il fait figurer son nom et son adresse sur chaque carte. Il jouit d’une importante renommée en tant que cartographe et graveur dans son pays ainsi qu’à l’étranger. Il décède en 1706. Sa femme continue encore quelques années à tenir l’officine avant de revendre tout le matériel – dont les plaques de cuivre – à Pierre Mortier qui les utilisera pour éditer ses atlas.

 

La carte du Hainaut de Frederick de Wit

Elle est typique de la production hollandaise : grande, belle et facile à consulter.

Elle figure dans l’atlas intitulé Germania inferior ou Nieut Kaert-boeck van de XVII Nederlantsche provincien. Celui-ci est consacré aux Pays-Bas sous leur ancienne forme, celui des 17 provinces, alors que le traité de Münster, signé le 30 janvier 1648, a officialisé la scission des Pays-Bas espagnols et octroyé l’indépendance aux Provinces Unies par rapport à l’Espagne. Les 17 provinces couvraient la Belgique (excepté la principauté de Liège), les Pays-Bas, le Luxembourg et le nord de la France.

Pour des raisons commerciales, de Wit consacre son atlas aux 17 provinces. Comme les Pays-Bas méridionaux sont le champ de bataille du conflit qui oppose l’Espagne à la France, de nombreux clients réclament des cartes pour situer les lieux des batailles.

La carte du Hainaut n’est pas datée. Selon George Carhart, elle comporte quatre états qui sont parus entre 1666/1667 et 1686. Il y a un nouvel état chaque fois qu’on apporte une modification à la plaque de cuivre. Ici les modifications n’affectent en rien le contenu de la carte car elles consistent en l’ajout d’une lettre au-dessus du titre (état 2), la représentation de la ville de Charleroi sur une colline (état 3) et enfin l’achèvement du tracé de la route située au-dessus de Philippeville (état 4).

Échelle graphique en mesures anciennes : 2 Horae itineris = 5,5 cm ;
1 ½ Duytsche Myl van 15 in een Graed = 5,4 cm.

 

Son titre est repris dans un simple cartouche. Trois soldats, vêtus à l’antique, entourent l’écu du Hainaut tandis qu’une armée se pointe à l’arrière-plan. Deux angelots soutiennent les échelles graphiques près desquelles on peut lire l’adresse de F. De Wit.

Échelle graphique en mesures anciennes : 2 Horae itineris = 5,5 cm ;
1 ½ Duytsche Myl van 15 in een Graed = 5,4 cm.

 

Cette carte couvre le territoire du Hainaut belge et français ainsi qu’une partie de l’évêché de Cambrai. Une rose des vents, située sur le territoire, indique l’orientation.

   

La ville de Charleroi.                                                               Rose des vents indiquant le nord.

 

Elle a été coloriée après l’impression. Les limites et frontières de même que les forêts ont été rehaussées de couleur. Les places sont représentées en plan et rehaussées de carmin. La ville de Charleroi, fondée en 1666, est représentée en plan.

Cette carte apporte de nouvelles informations car elle compte de nombreuses routes. Les noms de lieux sont écrits horizontalement et ceux des rivières sont bien visibles. En revanche, les noms des entités sont parfois difficiles à reconstituer car les inscriptions sont fort étalées. Le relief est représenté par de petites buttes.

 

Bibliographie

– CARHART, George. Frederick de Wit and the First Concise Reference Atlas. Leiden-Boston : Brill, Hes & de Graaf, 2016.

– DE CANDT, Caroline et KERKHOF, Benny (réd.). Ébauches de la Belgique. Les architectes de nos frontières. Gand : Snoeck, 2005.

– LEMOINE-ISABEAU, Claire. « Cartes topographiques gravées du Hainaut », dans ISAAC, Marie-Thérèse (dir.), Images de Mons en Hainaut du XVIe au XIXe siècle. Bruxelles : La Renaissance du Livre, 2006, p. 96-97.