La Fac’ d’Archi, un ancien refuge d’abbaye

Avant d’accueillir la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme, le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui comme le numéro 88 de la rue d’Havré abritait un refuge d’abbaye.  

Un refuge d’abbaye, qu’est-ce que c’est ?  

Par définition, il s’agit de l’extension d’une abbaye d’un village voisin. Parfois complété d’un oratoire voire d’une chapelle, ce type de bâtiment était habité toute l’année en raison de ses multiples fonctions : un lieu d’exil en cas de calamité ; un lieu de séjour, de refuge et d’accueil ; un lieu de repos pour les membres de la communauté qui avaient besoin d’être soignés en ville… 

À Mons, on recense, aujourd’hui encore, 15 bâtiments qui ont accueilli des refuges abbatiaux. De nombreux ont été construits à l’emplacement ou dans les murs d’anciens hôtels particuliers vendus par de riches familles hainuyères dès le XVIe siècle. Ces constructions se fondaient facilement dans le paysage architectural civil grâce à leur fonction résidentielle ainsi qu’à leur plan et leur architecture très proches de celle de maisons privées. 

À la fin de l’Ancien Régime, sous Joseph II puis, sous la République, les refuges sont désaffectés, rachetés par la nouvelle classe riche et redeviennent des demeures privées. 

Le refuge de l’abbaye de Bélian 

L’abbaye de Bélian se situait à Mesvin et possédait plusieurs refuges à Mons entre les XVII et XVIIIe siècles. Un premier refuge se trouvait dans la rue de la Grande-Triperie et un autre plus petit, dans la rue de la Petite-Triperie. En 1739, les moniales reçoivent par lettres impériales l’autorisation d’établir leur nouveau refuge au n°88 de la rue d’Havré où se trouvait l’hôtel de Landas, appelé également « hostellerie » du Grand Cerf. 

Mons. Ancien Refuge de l’Abbaye de Bélian. Carte postale, Phototypie E. Desaix. 1ère moitié du XXe siècle (Mons. Bibliothèque centrale de l’UMONS. CP 02085).  

C’est l’architecte montois, Emmanuel-Henri-Chrétien Fonson (1729-1798) qui se charge, en 1775, des travaux de construction. L’édifice suit les plans, en forme de U inversé, d’un hôtel particulier, avec un corps de logis à front de rue, percé d’un passage cocher. Le bâtiment est qualifié de style Louis XVI « local » en raison de l’appareil décoratif et des ornements employés.  

Le refuge est vendu comme bien national à la fin du XVIIIe siècle au banquier Isidore Warocqué. 

Aujourd’hui ce bâtiment, classé dans l’inventaire du patrimoine immobilier, est complété d’une chapelle néo-gothique, mono-nef, dite la Chapelle du Bélian, construite à la fin du XIXe siècle. 

La Faculté d’Architecture et d’Urbanisme 

En 1780, on assiste à la création d’une école qui deviendra, en 1789, l’Académie royale de dessin, peinture et architecture. L’Académie, qui sera à l’origine de notre actuelle faculté, devient en 1976, l’Institut supérieur d’Architecture de Mons et pose ses valises dans les bâtiments de l’ancien refuge de la rue d’Havré en 1978. Ce dernier est rénové entre 1980 et 1983, et inauguré le 10 juin de la même année. L’Institut est intégré en 2010 à l’UMONS, créée en 2009, pour devenir l’actuelle Faculté d’Architecture et d’Urbanisme. 

Mons. Faculté d’Architecture et d’Urbanisme. Façade du n°88 de la rue d’Havré (Heroufosse Eléonore) 

Bibliographie 

Huys, J.-P., Le refuge de l’abbaye de Bélian, dans Isaac, M.-Th., sous dir., Images de Mons en Hainaut du XVIe au XIXe siècle, Bruxelles, 2006, p. 255. 

Honnoré, L. et Pousseur, C., Le patrimoine de la ville de Mons, Namur, 2020, p. 26-27. 

Patrimoine monumental de la Belgique, vol. 4 : Province de Hainaut. Arrondissement de Mons, Liège, 1975, p. 382-384. 

Pierard, Ch., Les Refuges d’abbayes à Mons, dans Maisons d’hier et d’aujourd’hui, Bruxelles, Mars 2002, n°133, p. 26-32 - Juin 2002, n°134, p. 30-35. 

UMONS. Université de Mons. https://web.umons.ac.be/fr/universite/lumons-en-bref/quelques-dates/ (consulté le 24/11/2021).