L’altiplanigraphe : un appareil topographique étonnant !

SEPTEMBRE 2020

Les collections de l’UMONS recèlent nombre d’instruments rares et étonnants. L’altiplanigraphe de Dimitri Sensaud de Lavaud fait partie de ces raretés.

Son histoire

Cet appareil créé en 1920 par l’inventeur brésilien d’origine française Dimitri Sensaud de Lavaud, témoigne des débuts de l’automatisation des relevés topographiques.

D’apparence simple, un boîtier muni d’une boussole déclinatoire et de deux cylindres enregistreurs, il s’agit d’un instrument relativement complexe. L’altiplanigraphe permet de relever automatiquement l’altitude et de tracer le plan de n’importe quel type de terrain en demandant peu d’effort et de moyens.

Commercialisé dès 1925 par H. Morin, constructeur parisien spécialisé dans le matériel d’arpentage, l’altiplanigraphe est présenté comme un appareil de levé topographique utile pour les colonies et les expéditions d’exploration car il offre l’avantage d’être léger, portatif et de ne nécessiter que peu de connaissances pour être utilisé, au contraire des autres instruments habituels utilisés par les géomètres. D’une précision pouvant aller jusqu’au 1:500, il permet donc de couvrir de grandes distances et de réduire la durée des opérations de levés.

Malgré son utilité, cet appareil ne semble avoir été produit qu’à quelques dizaines voire une centaine d’exemplaires. On en trouve très peu mention dans les collections à travers le monde. C’est pourtant un instrument important dans l’histoire des sciences et techniques et un témoin des débuts de l’automatisation des opérations d’arpentage.

Comment ça fonctionne ?

L’appareil comporte une boussole déclinatoire indiquant le nord et le sud, surmontée d’un cadran gravé sur une vitre en verre, de deux cylindres enregistreurs et de deux pointes en argent permettant de tracer les relevés, d’un niveau à bulle d’air et d’un mécanisme complexe activant l’altimètre et le planimètre.

Si sa conception est compliquée, son utilisation est au contraire très simple.

Il peut être utilisé de deux manières. Soit l’opérateur porte l’altiplanigraphe autour de son cou et un assistant tire le câble relié à l’appareil devant lui. L’opérateur n’a plus qu’à rejoindre son assistant pour rembobiner le câble. Durant cette étape, l’appareil enregistre le tracé du trajet ainsi que les différences d’altitude sur des feuilles de papier enroulées autour des cylindres. Soit l’opérateur peut travailler seul en recourant à la technique du « fil perdu ». Il accroche le câble quelque part puis se promène avec l’appareil en laissant le câble traîner au sol et même dans l’eau jusqu’à ce que celui-ci soit complètement déroulé. Ensuite il suffit de changer le fil et de recommencer. Les relevés ainsi obtenus sont retravaillés en bureau pour avoir un rendu final précis.

Notre exemplaire

L’exemplaire conservé dans les collections de l’UMONS provient du service du génie mécanique de la Faculté polytechnique. Il porte le numéro de série 15, est en configuration pour la technique du « fil perdu » et date probablement de l’année 1925. En parfait état, il a dû être utilisé pour les travaux topographiques effectués par les membres de la Faculté polytechnique puis servir de support didactique pour les cours de topographie. Il était exposé jusqu’à la fin des années 1990 dans la salle de topographie-astronomie avant de tomber dans l’oubli jusqu’à sa (re)découverte en 2020. Il figure désormais en bonne place dans l’inventaire de la collection scientifique de l’UMONS.

Altiplanigraphe    Altiplanigraphe

Référence :

Altiplanigraphe, Dimitri Sensaud de Lavaud
Morin, Paris, France, vers 1925
Dimensions : 20 cm x 27,5 x 12 (h x l x p)
Collection UMONS, Faculté polytechnique, service du Génie mécanique
N° d’inventaire : FPMS.GEMECA.000053

Plus d’informations :

Site du Géomusée, le patrimoine des arpenteurs.