Le vitrail d’un grand artiste montois, Anto Carte, en Faculté Polytechnique

Juin 2021

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Anto Carte, l’homme et l’artiste 

Anto Carte ou Antoine Carte est né à Mons le 8 décembre 1886 et décédé à Bruxelles le 13 février 1954. 

On connait Anto Carte comme le grand peintre et dessinateur qu’il était. Cependant, sa curiosité artistique et technique le poussa à explorer de nombreux autres domaines artistiques dont celui du vitrail qu’il enseigna, entre autres, à partir de 1932, à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles dans le cadre du cours d’Arts décoratifs. 

Bien qu’Anto Carte fut influencé par d’autres mouvements artistiques en vogue durant la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle comme le symbolisme, le naturalisme, etc., il affirma très vite un style propre qui évolua au cours de sa carrière. Certains thèmes, dans son art, sont récurrents tels que : la place centrale de la figure humaine, l’importance du monde du travail, l’utilisation de thèmes religieux… 

Anto Carte et Florent Prospser Colpaert, Vitrail d’Hensies-Pommeroeul, 1921-1922, Mons, Faculté Polytechnique.

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Le vitrail du charbonnage d’HensiesPommeroeul – Un vitrail, un projet, une histoire 

Cette œuvre est le premier grand projet d’Anto Carte dans le domaine du vitrail, en collaboration avec le grand maîtreverrier Florent-Prosper Colpaert (1886-1940) comme le stipule la signature dans le coin inférieure gauche « EXÉCUTÉ PAR F.-P. COLPAERT D’APRÈS LES DESSINS D’ANTO CARTE. ». 

Vue rapprochée de la signature du vitrail d’Hensies-Pommeroeul, 1921-1922 (Mons, Faculté Polytechnique).

Commandé par les charbonnages d’Hensies-Pommeroeul, dans les années 1920, ce vitrail ornait, depuis fin 1923 ou début 1924, la salle des douches du Puits de Sartys. Lors de la fermeture des charbonnages en 1978, à l’annonce de la démolition de certains bâtiments, l’État en fit l’acquisition en 1979 et il fut déposé dans l’atelier du maître-verrier Pierre Majerus à Bruxelles. L’IRPA (Institut royal du Patrimoine artistique) fut chargé de l’étude, de la sauvegarde et du suivi de la restauration.

C’est la cage d’escalier de l’ancienne École des Mines, aujourd’hui Faculté Polytechnique de l’UMONS, située au n°31 du boulevard Dolez qui fut choisie en 1982 pour y exposer et conserver le vitrail (à noter que Morts pour la patrie” d’Anto Carte est quant à lui conservé à la Faculté Warocqué d’Économie et de Gestion). Ce choix s’avéra judicieux pour plusieurs raisons : la relation symbolique entre l’identité du lieu et l’iconographie de l’œuvre, la baie de la fenêtre choisie était déjà prête à accueillir le vitrail moyennant de simples travaux d’adaptation et les bonnes conditions de conservation et de visibilité de l’œuvre. 

Ce vitrail monumental et décoratif, dans l’esprit de l’Art nouveau, est composé de quatre parties : un grand demi-cercle de 5,65 m de diamètre surplombant trois rectangles de 2,15 m de haut. Sur un fond de nuages ondoyants et de fumée sortant des cheminées d’un haut-fourneau, la partie supérieure représente plusieurs mineurs et la partie inférieure montre une figure féminine assise tenant une lanterne de mineur.

L’originalité de ce vitrail se situe, entre autres, dans sa réalisation technique. En effet, il est composé de deux verrières superposées et complémentaires grâce aux subtiles nuances colorées et aux réseaux de plombs différents d’une verrière à l’autre. Ce travail complexe procure une grande profondeur à l’œuvre.
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Bibliographie 

Anto-Carte. Rétrospective (1886-1954), Bruxelles, 1995.

Vanden Bemden, Y., Un vitrail d’Anto Carte aux charbonnages d’Hensies-Pommeroeul, dans XLVe congrès de la Fédération des cercles d’archéologie et d’histoire de Belgique. 1er congrès de l’Association des cercles francophones d’histoire et d’archéologie de Belgique. Congrès de Comines. 28-31. VIII. 1980. Actes, t. 4, Comines, 1983, p. 335-342.

Guislain, A., Anto-Carte, Anvers, 1950.

Polytech News. Le journal de la Faculté Polytechnique de Mons, n°45, 2011, p. 10.

Institut Royal du Patrimoine Artistique. BALaT. Belgian Art Links and Tools.