Le résonateur d’Oudin

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On vous plante le décor. La semaine dernière, en pleine réunion, la nouvelle tombe : Christophe finalise la rénovation du résonateur d’Oudin. Vous auriez dû voir les têtes dans l’équipe quand ils ont appris la nouvelle ! C’est un moment précieux pour les collections de l’UMONS et on vous propose de le vivre ensemble en partant à la rencontre de Christophe et de son drôle d’instrument. 

Christophe, c’est un peu un mix entre Bob le Bricoleur et Batman : il répare dans l’ombre.  

Son métier : restaurer des instruments anciens afin qu’ils resplendissent lors de nos expositions. Lui, qualifie son métier de « chouette et utile ». Nous, on dira plutôt que son métier est impressionnant et indispensable. 

Le résona… quoi ? 

Le résonateur d’Oudin se présente sous la forme d’un solénoïde unique de fil de cuivre rouge, non isolé, enroulé autour d’un cylindre de bois paraffiné. Le cylindre est fixé sur un curseur en forme de gouvernail. L’appareil est muni de deux bouteilles de Leyde et de deux éclateurs créant une étincelle dans une boîte en bois. La haute fréquence est produite soit par une machine à influence, soit par une bobine de Ruhmkorff. L’appareil est réglé par un galet qui frotte le cylindre.  

Quand le réglage est satisfaisant, les effets se produisent et sont très brillants. Le résonateur crée, dans la pièce où il est placé, un champ électrostatique très puissant. Il peut faire fonctionner des tubes de Crookes, de Geissler ou de Tesla à distance et, si on reste exposé trop longtemps à ses effets, on risque des brûlures similaires à celles causées par une exposition prolongée à des rayons X.   

Le résonateur d’Oudin est un appareil médical. Des excitateurs, pinceaux ou peignes électriques peuvent se brancher à la partie supérieure du cylindre et être passés sur le corps du patient afin d’électriser les zones à soigner.   

L’appareil de l’UMONS fait partie de la collection de la Faculté Polytechnique. Il est visible sur une photographie des nouveaux auditoires de la rue de Houdain inaugurés en 1905.   

Illustration du résonateur par le professeur Oudin

Le résonateur d’Oudin dans un laboratoire de l’école des mines en 1905 

Chasse aux tardigrades

Le résonateur en fin de rénovation 

Chasse aux tardigrades

Le cylindre du résonateur retrouvé dans un débarras 

La dispersion des morceaux    

Quelques années auparavant, le résonateur avait été retrouvé par hasard en pièces détachées dans deux facultés de l’UMONS par Kevin, le gestionnaire de la collection d’instruments scientifiques. Les parties principales (voir photo) ont été récupérées et transférées à la réserve de la collection universitaire. Christophe a rapidement fait le lien entre le cylindre et la plaque. Les deux fragments venaient bien du même instrument. Après quelques recherches avec son équipe, la pièce est tombée : c’est un résonateur d’Oudin, un appareil très rare ! Christophe témoigne : « je n’en avais jamais vu de pareil, celui-ci est magnifique ! » 

Une fois tombé sous le charme de l’objet, Christophe s’est donné pour mission de le restaurer et de lui donner le statut « restauré » au sein des collections❤️‍🩹 #coupdefoudre 

Ensemble des pièces principales du résonateur

Le cylindre en restauration

Les débuts de la construction du résonateur

La clé pour restaurer un instrument scientifique en détenant un seul morceau : y penser constamment 

Comme Batman obsédé par le Joker, Christophe pense toudis au résonateur. 

Beaucoup de pièces secondaires manquant à l’appel, une chasse a été lancée dans les nombreux débarras et armoires des ateliers de l’UMONS. Au fil, certaines pièces d’origine ont été retrouvées #miracle. 

Et pour les pièces introuvables ?  

Rappelez-vous : Christophe, ce n’est pas que Batman, c’est aussi Bob le Bricoleur. Armé de ses outils, et de son savoir-faire, il créa certaines pièces manquantes en estimant leurs proportions grâce à des photographies. Eh oui, ici, on n’est pas chez Ikea et on n’a pas de notice de montage ! 

Lichen

Reproduction de plusieurs pièces sur base d’éléments existants

Tardigrade

Reproduction d’une pièce sur base d’une image

« Pas mal de pièces cassées, pas mal de pièces manquantes… du bois, du laiton, du cuivre et de l’ébonite et pour tout ça, il faut de l’huile de coude ! » Christophe

Tous les essais et le rendu final des picèces fabriquées 

C’est comme si c’était là depuis toujours ! 

Tic-tac, tic-tac ! 

Depuis un mois, le rythme de la restauration s’est accéléré. Et pour cause, le résonateur fait partie des instruments sélectionnés pour la future exposition « Électrique ! ». L’exposition ouvrira ses portes courant 2025 et le résonateur doit être complet d’ici là. #pasdepressionchristophe 

Lors de l’exposition, vous aurez la chance de voir le résonateur entièrement restauré et les objectifs de Christophe atteints. Le premier, de le faire changer de statut au sein des collections de « à restaurer » à « restauré ». Le second, comme il le dit si bien, c’est de le faire « blinker » (comprenez flamboyer en wallon). 

L’apothéose mécanique   

Christophe fait tellement bien son job de restaurateur que le résonateur fonctionne déjà. On ne pourra pas le voir en action dans l’expo, mais peut-être qu’une vidéo sera disponible lors de votre visite…  

Et pour le savoir, vous n’avez qu’une chose à faire : venir à l’expo « Électrique ! » !