Encore un surréaliste dans les archives de l’UMONS ? 

Armand Simon, « le solitaire de Pâturages » 

Nous vous avons déjà présenté le fonds d’archives Fernand Dumont ou encore mentionné le nom de Louis Van de Spiegele, tous deux surréalistes montois. En plus de ces collections, l’UMONS conserve un petit fonds d’archives d’un autre artiste adhérant au surréalisme, Armand Simon.  

Cette attention particulière à des membres du surréalisme à Mons n’est pas anodine. L’année 2024 célèbre, en effet, son centenaire. Ce courant s’inscrit dans la mémoire de notre pays notamment par le foisonnement de différents groupes surréalistes dans le Hainaut et, plus particulièrement, dans la Cité du Doudou. 

 

Armand Simon, à la marge du surréalisme 

Armand Simon (Pâturages, 1906 – Frameries, 1981) est un poète, dessinateur et illustrateur. L’œuvre poétique de Lautréamont, « Les Chants de Maldoror » lui procure le goût de l’écriture et, par la suite, du dessin. Achille Chavée et Fernand Dumont, ses grands amis qu’il a rencontrés durant sa scolarité à l’Athénée royal de Mons, lui font découvrir le courant surréaliste. En 1936, il adhère au groupe « Rupture », premier groupe surréaliste wallon créé en 1934. Après la dissolution de ce dernier, il participe à la fondation du « Groupe surréaliste du Hainaut » en 1939. En 1947, Armand Simon rejoint le groupe montois « Haute Nuit » fondé à la suite de la réorganisation du courant après la Seconde Guerre mondiale.  

Sur ces deux photographies prises par Marcel Lefrancq provenant des archives de Fernand Dumont, vous pouvez voir une partie des membres du groupe «Rupture» (1ère rangée: Marcel Havrenne, André Lorent, André Bovy et Achille Chavée; 2e rangée: Bob Deplus, Marcel Lefrancq ; 3e rangée: Max Michotte et Constant Malva), ainsi que les membres du Groupe surréaliste du Hainaut (de gauche à droite : Fernand Dumont, Marcel Lefrancq, Armand Simon et Achille Chavée ; assis : Louis Van de Spiegele). Les deux groupes posent autour du buste de Rimbaud réalisé par Louis Van de Spiegele.  

 La particularité d’Armand Simon est sa discrétion et sa marginalité. Ce n’est qu’à partir des années 1970 qu’il bénéficie de la reconnaissance de ses œuvres. Surnommé « le solitaire de Pâturages » pour son amour à son village et son caractère réservé, il préférait refuser l’aspect politique du surréalisme, qu’il concevait plus comme un moyen de rejeter le monde et de s’évader de la réalité. Ses œuvres sont empreintes de fantastique, de merveilleux et d’érotisme. Parmi ses dessins, les plus connus sont ceux réalisés pour la série « Maldoror » entre 1939 et 1944.   

 

Quelques archives d’Armand Simon à l’UMONS 

Ce fonds d’archives conservé dans nos collections est assez succinct et composé principalement de cahiers de prise de notes, de journaux de bord, de brouillons de poèmes et de dessins. De fait, la majorité des œuvres et archives d’Armand Simon sont réparties entre le Musée d’Art moderne de Bruxelles, la Ville de Mons, la collection de la Province de Hainaut et les Archives de l’Art contemporain en Belgique. Néanmoins, l’UMONS a la chance de posséder son imposante bibliothèque. Nous retrouvons d’ailleurs quelques registres qu’il tient de celle-ci dans ses archives. 

Même si nous ne conservons pas d’œuvres publiées ou connues d’Armand Simon, nous possédons toutefois plusieurs brouillons et dessins éparpillés dans ses archives : soit à côté d’un poème, soit sur une feuille glissée au milieu de ses papiers, ce qui prouve que le fonds d’archives d’un dessinateur peut receler des trésors cachés. 

Il est totalement légitime de retrouver les archives d’Armand Simon dans les collections de l’UMONS. Elles viennent rejoindre les fonds d’archives d’autres personnalités montoises telles que Fernand Dumont ou Franz Moreau, un poète proche du surréalisme qu’Armand Simon côtoyait dans son quotidien. L’étude conjointe de ces fonds permet de créer de liens entre les différents documents d’archives et de mieux comprendre qui étaient ces personnalités. 

 

Références : 

Le surréalisme à Mons et les amis bruxellois [1935-1955], Musée des Beaux-Arts de Mons, 1986. 

  1. Canonne, Le Surréalisme en Belgique, 1924-2000, Anvers, Fonds Mercator, 2006.
  2. Foulon, Armand Simon, Mons, Fédération du tourisme du Hainaut, 1980.
  3. Marisca, Armand Simon : le dessinateur littéraire, UMONS, 1995 (Mémoire).