La carte du Hainaut de Surhon : une histoire mouvementée

Janvier 2019

La diffusion de la carte du Hainaut, levée par le cartographe montois, Jacques de Surhon (?-1557), en 1548, a connu de multiples rebondissements avant d’être connue du public en 1579. Entravée par le contexte politique et religieux de l’époque, l’œuvre de Surhon serait restée méconnue sans la ténacité du cartographe anversois, Abraham Ortelius (1527-1598).

Jacques de Surhon, débute sa carrière cartographique en 1548 lorsque Charles-Quint lui ordonne de lever une carte du comté de Hainaut, en trois exemplaires, destinés à l’empereur, à Marie de Hongrie et au grand bailli du Hainaut Philippe de Croÿ. Fabriquée sous le sceau du secret, Surhon doit remettre au grand bailli tous ses documents préparatoires car cette carte renferme des informations stratégiques sur les limites de nos territoires qui ne peuvent être divulguées à l’ennemi, la France.

En 1572, Abraham Ortelius décide d’insérer la carte du Hainaut de Surhon dans son atlas, le Theatrum orbis terrarum. Il fait réaliser un cuivre par le graveur Frans Hogenberg (1535-1590) et demande ensuite l’autorisation de publier celle-ci. À sa grande surprise, elle lui est refusée. Le duc d’Albe, gouverneur des Pays-Bas espagnols, exige que cuivre et copies soient détruits. Ortelius sera dédommagé pour les frais de gravure. Cette censure peut s’expliquer par le contexte tendu de l’époque. L’année 1572 est en effet marquée par les conflits entre Catholiques et Huguenots. Valenciennes est prise par les Protestants tandis que Mons, occupée par Louis de Nassau, est assiégée par le duc d’Albe.

Ce n’est qu’en 1579, qu’Ortelius obtient l’autorisation de publier cette carte. Un nouveau cuivre est gravé. Désormais, la carte du Hainaut de Surhon figure dans les éditions de l’atlas d’Ortelius publiées entre 1579 et 1641.

La carte du Hainaut de Surhon eut un impact considérable sur la cartographie. Elle fut utilisée comme canevas par de nombreux cartographes et éditeurs de cartes. Selon Claire-Isabeau Lemoine, le nom de Surhon latinisé en Surhonius apparaît dans le titre des cartes du Hainaut jusqu’en 1630. Quant à la devise du Hainaut « Pays de Haynault tenu de Dieu et du soleil », elle sera reprise sur de nombreuses cartes publiées jusqu’en 1735.

 

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Pour en savoir + :
  • M.-A. ARNOULD M.-A., « Jacques Desurhon ingénieur des cartes au service de Charles Quint et son œuvre géographique », dans Les Pays-Bas bourguignons. Histoire et institutions. Mélanges André Uyttebrouck, Bruxelles, 1996 (Archives et Bibliothèques de Belgique, numéro spécial 53), p. 41-55.
  • GOBEAUX C., « Un cartographe montois Jacques de Surhon à la base de la première carte du Hainaut » dans Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, 108e vol., Mons, FPMS, 2015, p. 9-14.
  • GOBEAUX C., « De SURHON, Famille » (notice biographique), dans HONNORE L., PLISNIER R., POUSSEUR C. et TILLY P. (dir.), 1000 personnalités de Mons et de la région. Dictionnaire biographique, Mons, AGR, 2015, p. 282-283.
  • LEMOINE-ISABEAU C., « Cartes topographiques gravées du Hainaut », dans Images de Mons en Hainaut du XVIe au XIXe siècle, Bruxelles, La Renaissance du livre, 2006, pp. 63-64).
  • PIERARD C., « La carte du comté de Hainaut de 1572 », dans Annales du Cercle archéologique de Mons, t. 79, Mons, 2002, p. 357-361.
  • VAN DEN BROECKE M., Ortelius Atlas Maps: an illustrated Guide, Utrecht, HDG, 1996, p. 239-240.
  • VAN DER KROGT P., Koeman’s Atlantes Neerlandici, nouvelle édition, vol. III, partie B, Utrecht, HDG, 2003, p.780.