Un mur engagé… et illégal !

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Le groupe de travail féministe de l’ORE balance son bail ! À la veille de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, l’Organisation Représentative des Étudiants de l’UMONS a pris l’initiative de construire un mur symbolique sous le tunnel de Nimy. Un acte illégal… de contestation et de rébellion. L’objectif ? Sensibiliser les responsables politiques et les médias à la problématique des agressions fréquentes dans ce passage sombre et peu sécurisant reliant la plaine de Nimy au centre-ville de Mons.

Un pavé dans la mare

Un mur sous le tunnel de Nimy, véritable pavé dans la mare de la Région Wallonne ! Depuis maintenant 5 ans, les étudiants réclament une rénovation complète et sécuritaire de ce tunnel. Un passage qu’ils doivent contourner le soir pour rentrer dans leurs kots et éviter d’être agressés. Car, tapis dans l’ombre d’un renfoncement du tunnel, les agresseurs opèrent des rackets de toutes sortes et des agressions de nature sexuelle, loin des regards et en presque totale impunité.

C’en est trop !” explique Gaëlle, membre du groupe de travail féministe, au micro de Maxime, podcasteur au MUMONS.

Une demande a été déposée à la Région Wallonne, auprès du service compétent de l’urbanisme, afin de rénover structurellement le tunnel de Nimy. L’objectif est de garantir qu’il n’y ait plus d’angles morts dans ce passage où les agresseurs peuvent se cacher. Cependant, la RW refuse catégoriquement nos revendications, malgré le soutien des autorités académiques de l’UMONS et de la Ville de Mons“, poursuit la jeune fille exaspérée.

Action réaction

Face à l’impasse du côté de la RW, les étudiants ont opté pour la manière forte en passant à l’action… illégalement ! Après avoir réuni les fonds nécessaires pour construire eux-mêmes un mur en parpaings, là où le bât blesse sous le tunnel, ils ont rassemblé plusieurs moyens d’expression et de visibilisation : la peinture, la musique et les discours, pour mener à bien cette action symbolique et solidaire. Une fresque écoféministe a également été intégrée au mur.

Luna, 19 ans, nous parle de son œuvre et du message qu’elle souhaite transmettre : “J’ai dessiné une main qui tient des clés pour symboliser le seul moyen de défense que l’on a lorsque l’on rentre seule chez soi la nuit“. Elle déplore que les seules initiatives visant à rendre ce tunnel moins lugubre, comme la mise en peinture ou la remise à neuf de l’éclairage, aient été entreprises par des étudiants en école d’art ou dans le cadre d’une mobilisation citoyenne.

Girl power !

Emma, étudiante… militante ! explique que “en tant que femme aujourd’hui, il est encore difficile de trouver sa place et de se considérer comme légitime. Cette action que nous menons vise à sensibiliser aux agressions qui sont souvent invisibilisées ou mises de côté. Peu de femmes osent porter plainte. Nous voulons redonner de la puissance aux femmes et remettre sur le devant de la scène la problématique des violences sexuelles dont elles sont victimes !

Malik, vice-président de l’ORE, également engagé dans la cause féministe, offre son soutien en tant qu’homme. “Je suis là non seulement pour aider, soutenir et agir avec elles si elles le veulent, mais aussi parce que nous sommes tous dans la même galère. Ces agressions peuvent toucher tout le monde. Ce projet était donc ouvert à n’importe qui, quel que soit son genre.

Un sparadrap sur une plaie béante

La Mutinerie montoise, collectif féministe lié à l’Université de Mons, contre le système cis-hétéro-patriarcal et capitaliste, était également présent ce jour-là pour soutenir l’action. Dans son discours, Claire utilise des mots forts pour marquer les esprits. “Remettre en peinture ? Un sparadrap sur une plaie béante. Nous n’avons pas été écoutées, alors aujourd’hui, nous sommes nombreuses à dire STOP ! Stop à une ville et à des chemins que nous évitons par peur des agressions. L’espace public nous appartient et nous allons porter notre voix et nos briques pour faire un premier pas vers une ville plus sereine, car lorsque les pouvoirs publics ne nous protègent plus, nous devons le faire nous-mêmes !”

Malgré sa démolition peu de temps après sa construction (article RTBF), et en attendant l’intervention de la Région Wallonne pour condamner cette sombre intersection du tunnel de Nimy, cette action, aussi symbolique soit-elle, a eu un retentissement bien au-delà de ce qui avait été espéré dans l’espace médiatique.

On vous laisse en apprendre davantage avec les articles épinglés ci-dessous, et découvrir les derniers rebondissements autour de la destruction du mur, sujet d’ailleurs discuté en séance plénière au Parlement wallon le 29 novembre dernier (reportage Télé MB à 6’16).