Explorer l’Invisible et femmes de science

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Nos coups de ❤️ girly

Quoi de plus évident que de braquer les projecteurs sur les travaux des chercheuses présentes dans notre exposition, Explorer l’Invisible, pour mettre en lumière la problématique de l’invisibilisation des femmes dans le domaine scientifique ? En l’honneur de la Journée internationale des femmes et des filles de science, fixée par les Nations Unies le dimanche 11 février 2024, l’équipe com du musée vous présente ses 3 œuvres coups de cœur, aussi passionnantes que girly ! Prêts à explorer la science du côté de la force féminine ? C’est parti pour une interview croisée avec Émilie Duthoo, Alexia Lourtie et Marie Versaevel.

À voir au MUMONS

Moule Explorer l'Invisible
“Contre vents et marées” par Émilie Duthoo (choisie par Charlotte)
Crevette Explorer l'Invisible
“L’art du camouflage” par Alexia Lourtie (choisie par Lena)
Poisson Explorer l'Invisible
“Troublantes empreintes” par Marie Versaevel (choisie par Camille)

#1 Contre vents et marées

À seulement 27 ans, Émilie Duthoo, doctorante à l’UMONS, est fière de son œuvre intitulée “Contre vents et marées” (ou “Pied de moule” pour en comprendre la nature). Spécialisée en biomimétisme, Émilie explore plus particulièrement l’adhérence marine, en cherchant à mettre au point une colle efficace en milieu humide, notamment à des fins médicales.

Son but ? Découvrir les secrets des protéines utilisées par les organismes marins pour établir des liens chimiques avec des surfaces comme les rochers pour s’y fixer solidement. Sa photo (reprise ci-dessus) révèle l’organe responsable de la sécrétion d’une des colles les plus puissantes parmi les invertébrés marins ! 

explorer l'invisible et femmes de science

Vous ne regarderez plus jamais vos moules du même œil !

Il arrive parfois que les gens sourient et ne prennent pas au sérieux mon choix d’étudier la colle provenant des moules, ces animaux souvent associés aux frites pour créer un plat typiquement belge ! Cependant, ce qu’ils ne soupçonnent pas, c’est la formidable capacité de la colle de la moule bleue, en termes d’adhésion, comme le byssus qui incarne en quelque sorte son côté invisible“, explique Émilie.

Au ❤️ de l’intime… Quels défis une femme scientifique du XXIe siècle doit-elle encore relever ?

Émilie a été plus d’une fois découragée de poursuivre dans cette voie et de faire son doctorat. “On me répétait souvent que le monde scientifique était un domaine plus complexe pour les femmes, soit parce qu’il n’était pas compatible pour fonder une famille, soit simplement parce qu’il était jugé trop difficile pour nous“, confie-t-elle. Aujourd’hui encore, en pleine thèse, elle constate que ses travaux ne sont pas toujours pris au sérieux et qu’elle doit parfois se battre pour être entendue. “Surtout lorsque j’explique mon sujet dont l’animal peut être associé au sexe féminin. Il m’arrive également de remarquer qu’on a plus tendance à écouter et à retenir les paroles des hommes plutôt que les miennes“, poursuit-elle.

#2 L’art du camouflage

À tout juste 30 ans, Alexia Lourtie décroche son doctorat en biologie marine (UMONS-UCL) sur les symbioses marines, des organismes marins de différentes espèces qui cohabitent. Passionnée par les voyages et les fonds marins, Alexia explore comment le symbiote (organisme accueilli) reconnaît son hôte (organisme accueillant) grâce à son parfum. Elle cherche aussi à savoir si un symbiote peut vivre sans son hôte, et si le parfum de ce dernier peut, à lui seul, aider le symbiote à survivre. Son étude se concentre sur des crevettes qui ont le fascinant pouvoir de se camoufler en adoptant les couleurs de leur hôte étoile de mer, les rendant presque invisibles, même aux chercheurs avides de les étudier.

Au ❤️ de l’intime… Quelle est ta plus grande fierté en tant que femme scientifique ?

Alors qu’elle rêvait de devenir géologue et d’explorer les mystères des volcans et des fossiles, Alexia, dont les goûts se sont affinés au fil du temps, trouve aujourd’hui sa plus grande fierté en tant que scientifique dans le fait de faire de sa passion son métier ! Mon parcours n’a pas été un long fleuve tranquille. Le monde de la recherche et celui de la plongée sous-marine, sont souvent teintés de préjugés patriarcaux et de stéréotypes de genre (parmi tant d’autres). Malgré ces défis, j’ai réussi à surmonter les obstacles et à contribuer, de manière significative, à mon domaine, mais surtout à m’épanouir en faisant ce que j’aime.”

explorer l'invisible et femmes de science
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La science pour tous !

Ce qui rend plus que fière Alexia, c’est de pouvoir partager sa passion avec son entourage et de voir son travail exposé dans un musée. “Croiser mes photos en allant faire mes courses aux Grands Prés, c’est toujours une agréable surprise, surtout quand je m’y attends le moins. C‘est gratifiant de constater que la science peut sortir de son cocon académique et devenir accessible à tous”, confie-t-elle. 

Explorer l’Invisible vise à sensibiliser les visiteurs aux enjeux scientifiques cruciaux en créant un lien entre la recherche spécialisée et le grand public… mais pas que !

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Penses-tu que l’expo aura un impact sur le public, en ce qui concerne la visibilité des femmes en science ?

Alexia espère que l’exposition suscitera des passions, particulièrement chez les jeunes, les encourageant à envisager des carrières scientifiques.Je souhaite transmettre le message que ce chemin est ouvert à tous, indépendamment du sexe, du statut social, des origines ou de toute autre caractéristique discriminante. En mettant en avant des femmes en science, souvent sous-représentées malgré leurs découvertes cruciales, j’ai espoir que cela élargira les horizons des jeunes et les inspirera à poursuivre des carrières scientifiques, dépassant ainsi les stéréotypes traditionnels liés à la figure du « chercheur »”, conclut-elle. En exprimant aussi le vœu “qu’un jour, peu importe le sexe, l’orientation sexuelle, l’origine, la religion, leur trouble de l’apprentissage… les individus aient les mêmes chances de faire carrière ou de fonder une famille, et que tous puissent s’épanouir dans la vie qui leur correspond 🙂

#3 Troublantes empreintes

À presque 40 ans, Marie Versaevel jongle avec aisance entre la chimie, la biologie et la physique. En tant que biophysicienne cellulaire au Laboratoire Interfaces et Fluides Complexes de l’UMONS, elle crée des environnements cellulaires pour décortiquer le fonctionnement des cellules dans notre corps. Pour donner un exemple concret d’application, elle produit des matériaux mimant fidèlement les propriétés mécaniques de la peau afin de développer, in vitro, des modèles de peau destinés à des tests pharmaceutiques et cosmétiques.

Son quotidien ? Explorer le monde de l’invisible ! Le microscope est donc son outil de prédilection au labo. Avec l’utilisation des marqueurs fluorescents, elle parvient à visualiser les différents constituants d’une cellule (de poisson par exemple, comme sur la photo reprise plus haut) et à reconstruire une vue tridimensionnelle. “On utilise aussi le microscope afin d’observer la migration de cellules ou de tissus sur des périodes prolongées, parfois plusieurs jours, afin de comprendre comment ces briques essentielles de la vie s’organisent et s’adaptent à des modifications de leur environnement” explique Marie.

Au ❤️ de l’intime… Quels changements souhaiterais-tu observer dans le monde académique pour favoriser l’épanouissement des femmes scientifiques ?

Personnellement, je n’ai jamais ressenti de discrimination envers les femmes dans le domaine professionnel. Cependant, ce secteur est compétitif, les chercheurs sont constamment évalués sur des critères tels que les publications. Cette compétition constante peut entrainer des choix difficiles entre vie de famille et vie professionnelle. Parmi les critères d’évaluation, la mobilité représente aussi un défi majeur pour les femmes. Ce critère pourrait être nuancé, ou des aides financières pourraient être apportées aux scientifiques ayant des enfants.” Son souhait serait de voir davantage de femmes occuper des postes de direction dans les laboratoires scientifiques, bien qu’elle observe un changement en cours.

Comment ressens-tu la valorisation de ton travail de recherche au sein du musée ?

C’est une grande fierté de voir mes images aussi bien mises en valeur. C’était particulièrement plaisant de les faire découvrir à ma fille lors de l’inauguration de l’exposition.” Au laboratoire, ils ont l’habitude de s’extasier devant des curiosités observées au microscope, tout simplement parce que c’est esthétiquement beau. Marie apprécie également partager cet émerveillement avec le public. Selon elle, cela pourrait même donner naissance à un métier à part entière, celui d’artiste-scientifique.En utilisant ces outils d’observation et ces microscopes, non pas pour comprendre, mais simplement pour témoigner de la beauté du monde infiniment petit !” Ainsi conclut-elle cet article sur la valorisation des femmes scientifiques !

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Bien sûr, elles ne sont pas les seules femmes scientifiques à avoir contribué à cette exposition, mais il a fallu opérer un choix éditorial…

On exprime aussi notre gratitude envers Charlotte Tezo, Estelle Bossiroy, Yohalie Kalukula, Élise Hennebert, Hélène Marlier, Morgane Decarnoncle, Isalyne Drewek, Amandine Deridoux, Juliette Rousseaux, Annica Frau, Carla Bittencourt, Lisa Mussoi, Céline Arrighi, Lisa Dangreau, Laura Borello, Damiana Leo, Julia De Oliveira (citées dans l’ordre d’apparition de la visite). 

Si vous souhaitez découvrir par vous-même l’étendue de ces travaux de chercheuses, Explorer l’Invisible est accessible aux visiteurs jusqu’au 13 avril 2025.